D’où vient son nom ?

Saint-Martin : il est manifeste qu’il a été imposé à cette paroisse, à l’époque de sa fondation, par la reconnaissance des premiers membres de la communauté chrétienne, soit parce que le saint Abbé de Ligugé(monastère bénédictins près de Poitiers fondé en 361)  les aura évangélisés en personne, soit parce que son fondateur y aura apporté une relique du grand thaumaturge. Les deux hypothèses sont vraisemblables.

1789 – Saint-Martin-L’Ars est une commune du Bas Poitou et fait partie du diocèse de La Rochelle. En latin Sancti Martini Arst, doit signifier probablement la même chose que Saint-Martin-le-Brûl : dans le vieux français on disait, en effet, ars (brûlé). Par suite, l’orthographe régulière de ce nom serait donc Saint-Martin-l’Ars. Puis Lars sans apostrophe. A cette époque, iI y a en Poitou trois Saint-Martin-l’Ars.

1801 – Saint-Martin-Lars en Tiffauges (du canton de Tiffauges)

1931 – Saint-Martin-desTilleuls (Il a été modifié afin d’éviter toute erreur postale avec une autre commune vendéenne : St Martin-Lars-en-Ste-Hermine et aussi Tiffauges.)

Son histoire

Antiquités celtiques : Saint-Martin était traversé, jadis comme le dit M l’abbé Ferdinand Baudry, dans ses recherches, par une voie romaine. Avant 1830, on voyait encore dans le chemin de la Louvrenière deux pierres d’un peu plus d’un mètre d’élévation qui étaient, ou de petits menhirs ou des bornes milliaires.

Epoque féodale (1285,1515 ) : Le territoire de St Martin relève prochement et en arrière fief de la Vicomté de Tiffauges et du duché de Thouars. La maison noble du Chatelier remonte au XVème siècle, de même que le château de la Rainerie, typique des gentilhommière de l’époque.

Epoque plus contemporaine : La commune a énormément souffert du passage des colonnes infernales de février à mai 1794, l’église fut incendiée. La chapelle des martyrs rappelle le souvenir des nombreuses victimes massacrées par les « bleus »  républicains. Durant ces tristes événements, le curé vicaire François BENETEAU de Saint-Martin-Lars reste caché dans sa paroisse, assurant de son mieux son ministère. Toute la population le soutiendra lorsqu’il refusa le concordat de 1801, signé entre Bonaparte et le Pape Pie VII. La paroisse suit alors le schisme de la petite église.

Quelques faits HISTORIQUES et son PATRIMOINE.

Il y a un peu plus de deux siècles — La guerre de Vendée. La révolution de 1789, un tournant de notre histoire. Puis 1791 la proclamation d’une loi « La constitution civile du clergé » et le soulèvement de 1793…

La Vendée était à l’époque loin des grandes villes et ignorait tout le faste et les abus de la cour du roi. Il n’y a rien de plus connu et de moins bien connu que l’insurrection vendéenne de 1793, « la grande guerre », comme l’appelaient encore … les anciens. Napoléon l’a qualifiée de guerre des géants, elle est peut-être l’un des événements de notre histoire contemporaine qui a soulevé les enthousiasmes les plus passionnés comme aussi les polémiques les plus ardentes.  C’est qu’elle ne ressemble à aucune de nos campagnes classiques, cette guerre, qui a emprunté un caractère étrange et grandiose de sauvagerie, au milieu où se sont déroulés les événements, et au tempérament de fer des paysans exaltés par leurs croyances. Terrifiante cette guerre de Vendée.

 Par « La constitution civile du clergé » loi de 1791, tous les prêtres devaient prêter serment (on les appelait prêtres assermentés ou constitutionnels ou encore les prêtres jureurs, les intrus). La plupart refusèrent et on les appela les non-jureurs ou réfractaires. Il leur était interdit d’exercer leur sacerdoce ; ils étaient condamnés à mort, exilés ou emprisonnés, il y a eu beaucoup de persécutions atroces.

De son côté, Pie VII, élu en mars 1800, veut restaurer l’unité de l’Église, gravement menacée par la situation en France, première puissance catholique du temps. En 1789, elle y avait perdu tous ses biens. En 1790, la constitution civile du clergé, votée par l’Assemblée constituante, avait provoqué un schisme intolérable : celui d’une église nationale (l’Église constitutionnelle) dont tous les ministres, même les évêques, étaient élus par les fidèles sans que Rome ait son mot à dire. La laïcité de l’État, instituée en 1794, et l’interdiction de toute manifestation extérieure du culte avaient confiné le catholicisme dans la sphère privée. Abolir le schisme en France, y rendre à l’Église ses moyens d’action, telles sont ses priorités.

Le concordat a été ratifié par le pape le 15 Aout 1801. Au lendemain du coup d’État du 18 Brumaire, Bonaparte, Premier consul, sait que pour se maintenir, il doit régler la crise religieuse qui agite la France depuis dix ans. L’alliance avec l’Église catholique est nécessaire : pour dissocier la cause de la monarchie. 

 Le 29 Mars 1794, la commune de St Martin a été particulièrement marquée, comme d’autres dans la région, et paya un lourd tribut par les massacres perpétrés lors du passage des colonnes infernales commandées par TURREAU, Grignon et Crouzat ; ces deux derniers, généraux les plus détestés par la population Vendéenne qui avaient établi leur campement à St Martin, avaient un ordre précis  «  Livrer aux flammes tout ce qui sera susceptible d’être brûlé, et de passer au fil de la baïonnette tout ce qu’ils rencontrent d’habitants sur leur passage, s’il peut y avoir quelques patriotes dans ce pays ; c’est égal ! Nous devons tout sacrifier ! »

L’HEROISME de l’Abbé François Bénéteau, vicaire de Saint Martin qui refusa de se soumettre au concordat et par là même au Pape Pie VII et continua de célébrer le culte comme avant la révolution, fut soutenu par toute la population.

M.François BÉNÉTEAU, vicaire à Saint-Martin depuis le 11 janvier 1787, refusa le serment et maintint les fidèles dans le devoir pendant la persécution. Il se réfugia d’abord à la Gaubretière, et se cacha habituellement à la métairie de la Fauconnière, disant la messe dans les taillis du château de la Châteigneraye. Il échappa au grand massacre du 22 février 1794, commandé par le général Huché ; la plupart des habitants de la Fauconnière furent égorgés ce jour-là. Secondé par un autre proscrit, M. Seguin, chanoine d’Angers, M. Bénéteau voulut célébrer dignement à la Gaubretière la fête de Pâques 1794, et il convoqua au château de la Châteigneraye les catholiques des paroisses environnantes.

 

Un autel fut dressé dans la cour du château, et la messe fut célébrée devant une assistance considérable. On avait pris les précautions de sécurité commandées par les circonstances ; des gars alertes avaient été échelonnés au loin pour faire bonne garde, grimpés dans les arbres, postés au sommet des coteaux. Douze cents hommes en armes assistèrent tout ce jour aux pieuses cérémonies. La révolution jacobine de fructidor an V mit fin à l’apostolat public de M. Beneteau. Le rapport d’un commissaire chargé d’établir alors l’état des prêtres réfractaires dans le canton de Tiffauges, note : « Bénéteau, vicaire, réside à Saint-Martin, caché depuis le 19 fructidor », arrête : que les prêtres réfractaires seront condamnés à l’exil en Guyane, mais Bénéteau ne se soumettra pas aux lois ; les commissaires constatant qu’il a cessé ses fonctions mais…. que son influence sur l’opinion public est la même.

 

On trouve dans les registres paroissiaux de Saint-Martin des notes précieuses de la main de M. François Bénéteau. Au début de l’année 1800 : « Le présent registre contient les actes de baptême de la paroisse de Saint-Martin à commencer le 22 septembre 1791 et finit en 1800. Pendant cet espace de temps la religion a été persécutée et les ministres en fuite. C’est pourquoi les baptêmes enregistrés dans ce cahier ont été faits dans des maisons particulières. » Il ne sortait de sa cachette que la nuit, et s’en allait, de village en village, célébrant la messe tantôt dans un endroit, tantôt dans l’autre, baptisant les nouveau-nés, bénissant les mariages, ensevelissant les morts tombés sous les coups des révolutionnaires.

Vers le mois d’avril 1794, les bleus avaient tout mis à feu et à sang sur le territoire de Saint-Martin-Lars-en-Tiffauges, et firent, dans une seule journée, plus de 50 victimes. En apprenant ce massacre, l’abbé Benéteau quitte la Gaubretière et se rend dans sa paroisse, pour donner la sépulture à tant de cadavres.

Il lui fallut plusieurs nuits pour accomplir ce pieux devoir. Le zélé pasteur voulut visiter tous les villages, avant de reprendre le chemin de la Gaubretière. Les habitants avaient pris la fuite ; partout l’abbé Benéteau trouva porte close, excepté dans une ferme isolée, à l’extrémité de la paroisse.

Il entre et voit dans sa chaumière une pauvre vieille femme, paralytique, gisant sur son lit, ayant près d’elle deux petits enfants qui pleuraient. C’était tout ce qui restait de la famille, la grand’mère, et deux pauvres petits de cinq à six ans. Le père et la mère, avec trois de leurs enfants plus âgés, avaient été surpris dans l’aire du village et massacrés par les patriotes. Heureusement, les misérables assassins avaient négligé d’entrer dans la maison.

Le charitable curé ne pouvait se résoudre à laisser à la merci des égorgeurs ces trois êtres sans défense ; mais que faire ? A l’aide d’une courroie qu’il trouve dans un coin, le compatissant et intrépide samaritain attache la paralytique sur ses épaules, et suivi des deux orphelins, il reprend, pendant la nuit, le chemin de la Fauconnière.

La route était longue et difficile ; le fardeau était lourd, et le pauvre prêtre buffait presque à chaque pas. La nuit allait finir, et il fallait à tout prix arriver avant le jour, pour ne pas s’exposer à tomber entre les mains de quelque patrouille républicaine.

Et de ravin en ravin, de coteau en coteau, l’héroïque pasteur marchait toujours, montant, descendant, remontant et redescendant encore, priant Dieu de lui donner assez de force pour conduire en lieu sûr ces trois brebis de son troupeau décimé. « Quel tableau que ce prêtre, s’avançant ainsi par une nuit noire, à travers les sentiers du Bocage, courbé sous le poids d’un tel fardeau, et traînant à la main deux petits enfants ! En arrivant, au village de la Fauconnière, le bon curé, épuisé de forces, faillit tomber évanoui sur le seuil de sa cachette. »

Les morts de cette petite paroisse de St Martin Lars en Tiffauges, furent beaucoup plus nombreux, car l’Abbé BENETEAU note seulement ceux qu’il a enterrés dans le cimetière paroissial. Les morts combattants et ceux d’outre-Loire n’y figurent pas. Ces actes de décès sont consignés au registre clandestin tenu par le vicaire et signés par des témoins qui procèdent aux inhumations dans le cimetière de St Martin Lars en Tiffauges.

Sa Chapelle des Martyrs

Érigée en 1925 par le curé d’alors, l’abbé BOURY, à la mémoire des victimes de cette paroisse pendant les guerres de Vendée.

Elle est ornée d’un autel dédié à Notre Dame des Martyrs, et éclairée par deux vitraux, l’un représentant une messe dans les bois pendant la Terreur, l’autre un paysan vendéen en prière devant une croix de buisson, semblable à celle qui bordent les chemins dans ce haut bocage

De chaque côté de l’autel, sur deux plaques de marbre, se détachent en lettres d’or les noms des martyrs des Guerres de Vendée de cette paroisse, 53 noms connus, et le long des murs, dans des cadres vitrés, sont reproduits les actes de décès de ces victimes, écrits à la main du vicaire réfractaire, l’Abbé François BENETEAU.

On y retrouve l’Abbé François NICOLAS, né à Saint Martin le 11 janvier 1701, vicaire à Chambreteaud, pris par les Bleus dans la paroisse de Saint Martin où il se cachait. Conduit à Mortagne, âgé de 92 ans, il fût enterré vivant, la tête en dehors de la fosse, en face du Logis de Beauregard. Sa tête servit de cible à ses bourreaux, qui ensuite la coupe au ras du sol et la firent rouler comme une boule dans les rues de Mortagne. Une petite croix de granit est érigée à l’endroit de son martyre et le souvenir Vendéen y apposa une plaque commémorative, au cours d’une cérémonie à laquelle assistaient de nombreux membres de sa famille.

Puis trois fusillés au champ des martyrs d’Angers, Mademoiselle Louise-Marguerite De BESSAY, du Chastellier où elle se cachait et fut arrêtée avec son amie, Mademoiselle Marie-Anne ACHER-DUBOIS. Elles furent fusillées au champ des martyrs le 10 février 1794. Louis PALLARD, maréchal au bourg, qui suivit l’armée du centre pour passer la Loire, pris par les Bleus, il fut fusillé lui aussi en 1794.

La petite église

La petite église est née d’un mouvement d’opposition au concordat de 1801, en voulant réorganiser l’église de France. Ce concordat a créé dans le pays et notamment dans l’ouest des communautés religieuses dissidentes du catholicisme sans aucun lien avec les protestants pas plus qu’avec les intégristes de Mr Lefèvre.

La petite église maintient depuis deux siècles les rites de l’église catholiques d’avant 1789 : même catéchisme, même liturgie (eucologue).

Les motifs d’opposition : refus de la vente des biens de l’église devenus biens nationaux après le serment du jeu de Paume, constitution civile du Clergé, la suppression des petites fêtes religieuses. Les anticoncordataires défendaient les idées royalistes alors qu’on demandait dans la nouvelle liturgie à la fin de chaque office de lire une prière : « Sauvez la république, Sauvez les consuls……fidélité, obéissance au gouvernement établi.»  

1800 : L’abbé vicaire François Bénéteau continua d’exercer au mieux le culte auprès de ses paroissiens qui ont beaucoup d’estime pour lui. Son dévouement auprès de la population explique sans doute qu’elle le suivit dans le schisme quand il refusa de se soumettre au Concordat.

L’administration diocésaine le laissa néanmoins dans ses fonctions, dans l’espoir de le voir revenir prochainement à l’unité et aussi probablement parce que le conseil municipal, reflétant les idées de la population, était entièrement dissident.

En juin 1805, Monseigneur PAILLOU, archevêque de Luçon, après l’accord du préfet, jeta l’interdit absolu, même de dire la messe, aux prêtres réfractaires de la Vendée dont l’Abbé BENETEAU. Il souhaitait également faire fermer les églises des insoumis. En 1807, M. BENETEAU fut envoyé en résidence surveillée, près des Sables d’Olonne.

Son influence s’étendait au-delà de sa paroisse, chaque dimanche, des milliers de fidèles accouraient à sa messe… Mademoiselle Thérèse Louise COSSIN, née en 1778 à Maulévrier d’une famille noble, demeurait à St Martin Lars en Tiffauges. Suspecte, sous l’empire, d’entretenir des relations épistolaires avec des prêtres dissidents réfugiés à l’étranger, avec notamment Monseigneur de COUCY réfugié en Espagne depuis 1791, elle fut arrêtée avec sa sœur aînée le 5 juillet 1813, et transférée aux Pénitents d’Angers où elle y séjournent pendant trois mois. La fin de l’exil de Monseigneur de COUCY en 1820, « négocié » avec le clergé officiel contre sa soumission au concordat, troubla ses anciens prêtres et également la famille COSSIN. Les trois sœurs de Mlle Thérèse COSSIN se rallient à l’église officielle ; celle-ci rompit alors tout contact avec sa famille et devint, en Vendée, la protectrice attitrée de la Petite Eglise…

En accord avec M. De CURZAY, préfet de la Vendée, Monseigneur SOYER, évêque de Luçon, obtint le 16 avril de l’année 1826, que la commune de St Martin Lars en Tiffauges fût érigée en succursale par ordonnance du roi Charles X et la déservance de la paroisse fut confiée à M. Louis GOUIN le 30 décembre 1826. La prise de possession du nouveau titulaire ne se fit pas sans difficultés : M. BENETEAU refusait de quitter le presbyte, appuyé par le Maire et le conseil municipal. On ne comptait à St Martin que 27 catholiques dont 1 seul au bourg : le futur sacristain François MICHENEAU.

Quand l’évêque de Luçon vint lui-même installer M. GOUIN dans la paroisse, il proposa à M. BENETEAU de le nommer curé de St Martin s’il consentait à rétracter son erreur. Celui-ci demanda à réfléchir et après un entretien avec Mlle COSSIN, refusa ses propositions. Le préfet eut alors recours à la force armée pour que M. BENESTEAU évacue son église. Le tout fut porté chez Mlle COSSIN qui hébergea le prêtre révolté.

En 1827, cette dernière fit construire une chapelle où, fêtes et dimanches, se réunirent les dissidents de la paroisse et des paroisses voisines. On venait même des départements limitrophes demander les sacrements de baptême et de mariage au prêtre anticoncordataire. En plus Mlle COSSIN fit bâtir à ses frais, une école pour les enfants des familles dissidentes. La lutte entre les catholiques qui s’étaient ralliés progressivement à l’église officielle et les dissidents s’amplifia.

Le 31 mars 1827, M. BENESTEAU était cité devant le procureur du roi qui lui notifia l’interdiction de célébrer dans sa chapelle qui n’était d’ailleurs pas plus autorisée que son école et une loi produite par le Maire interdit toute réunion de plus de 20 personnes. En avril, Mlle COSSIN multiplia les démarches en haut-lieu : pétition au ministre, à la dauphine et enfin au roi. Elle fit l’éloge de l’Abbé BENESTEAU « aumônier des armées royales en 1793 » dont les frères périrent pendant la grande guerre… Le 15 juin 1827, Mlle COSSIN obtint une audience du ministre de la justice : le préfet et le Maire furent désavoués : l’oratoire rouvrit.

La situation se prolongea jusqu’au 10 juillet 1832 quand l’Abbé BENETEAU mourut… mais le schisme ne s’éteignit pas avec lui. Mlle COSSIN remplaça M. BENETEAU à la tête de la Petite Eglise en Vendée et en devint « La Papesse ». Elle faisait venir régulièrement du diocèse voisin du Poitou des prêtres dissidents pour évangéliser son petit troupeau. Elle dirigea le parti jusqu’à sa mort le 28 juillet 1869. Par testament, elle légua tous ses biens à M. Jean Baptiste MAINGRET, avec obligation pour celui-ci de veiller sur les brebis.

Deux siècles se sont écoulés. En 1989 on comptait environ 3000 fidèles, membres de la petite Eglise, demeurant pour la plupart dans les cantons de Cerisay, Bressuire et Courlay. Ces cantons étaient avant la révolution rattachés au diocèse de la Rochelle de Monseigneur de COUCY.

François Micheneau, un autre HÉROS… de Saint Martin Lars en Tiffauges

François Micheneau naquit en 1770, d’une excellente famille habitant le bocage de Saint-Martin-l’Ars-en-Tiffauges, où la religion envers Dieu se doublait d’une sorte de culte envers la royauté traditionnelle.

II s’agit du brave chrétien, le seul, habitant le bourg, l’un des 2 catholiques que trouva M. Gouin à Saint-Martin-l’Ars en y arrivant, en 1826. (M. l’abbé Guitton nous dit qu’il a recueilli aussi ces  récits de la bouche de Jean Micheneau fils, le sonneur de cloche, qui aimait tant à parler de son défunt père, et de la bouche d’un de ses propres oncles qui vit encore et qui a beaucoup connu François Micheneau. C’est plus de témoignages qu’il n’en faut pour nous garantir l’authenticité et la sincérité de ses souvenirs…).

II avait vingt-trois ans, en 1793. Petit de taille et d’une constitution robuste, œil vif et résolu, d’humeur très gaie et très énergique, alerte et prompt à la riposte, il avait tout ce qu’il fallait pour la guerre de halliers, surprises et de coups de main à laquelle il allait être mêlé. Aussi plein de cet entrain que met la jeunesse fit se lancer dans toutes les entreprises hasardeuses, Micheneau fut-il des premiers à s’enrôler sous les ordres du général Sapinaud, de la Gaubretière, qui le compta bientôt au nombre de ses plus braves soldats; il exécutait des missions spéciales, c’était son homme de confiance .

Ayant exercé, dès sa prime jeunesse, le maquignonnage avec son père, et ayant coutume de se servir, pour son commerce, d’un petit cheval d’une vigueur et d’une rapidité extraordinaires sur lequel il se portait à toutes les foires et marchés de la région, il fut tout naturellement incorporé dans la cavalerie du général vendéen.

Micheneau était, en effet, un très habile cavalier, à ce point que, la plupart du temps, il ne connaissait ni haie, ni fossé, et que, pour atteindre le but, surtout quand il s’agissait des bleus, il ne connaissait que la ligne droite. Cette habileté, jointe à une audace que rien n’épouvantait, le désigna souvent au choix de ses chefs pour aller annoncer des rendez-vous, porter des messages, faire des reconnaissances périlleuses. On m’a dit même que c’était lui qui portait la poudre, quand, après le passage de la Loire, on ne se servait plus du canon et que les rencontres n’étaient guère que des fusillades plus ou moins meurtrières : il allait alors, dit-on, distribuer les munitions aux groupes de tirailleurs, postés sur les divers points de l’attaque ou de la défense. Il n’eut jamais peur de rien; si, pourtant, une fois seulement; et ce fut dans une curieuse circonstance, qui montre combien les Vendéens d’autrefois, comme ceux d’aujour­d’hui, redoutaient de se trouver en présence du sur­naturel.

Voici le fait : iI rentrait, un soir, à Saint-Martin, harassé de fatigue, accablé de sommeil. Passant devant une grange entr’ouverte et ne pouvant aller plus loin, il y entre, s’étend sur un tas de paille, abandonné dans un coin, et s’endort. Notre homme jouissait à peine des douceurs du premier sommeil, qu’un bruit insolite se fait entendre tout près de lui et le réveille en sursaut….

Il se soulève précipitamment, inquiet, anxieux. « Qui vive ! » crie-t-il vivement. Point de réponse. Puis, un instant après, le même bruit, sorte de plainte nasillarde et entrecoupée, se fait de nouveau entendre et se rapproche de lui. Non seulement Micheneau entend, cette fois, mais son regard, plongeant dans l’obscurité, distingue bientôt quelque chose de blanc qui remue dans l’ombre et qui a, pour ses yeux troublés par la peur, tout l’aspect d’un fantôme. Dans son effroi, il étend instinctivement la main vers la prétendue vision fantastique, comme pour s’en défendre, et saisit devinez quoi ? une longue oreille dont un bêlement bien accentué lui fit alors connaître l’inoffensif propriétaire. C’était un malheureux mouton, échappé sans doute à l’incendie de son étable, qui s’était, lui aussi, réfugié, à la nuit tombante, dans cette grange abandonnée.

Micheneau s’était cru tout simplement en présence d’un loup-garou ; et voilà pourquoi il avait eu si grand peur ; car « avec ça, disait-il, il n’y a pas de monde à résister. »

Mais lui qui trembla devant un mouton ne trembla jamais, comme il l’avouait plus tard, devant un homme qui avait deux yeux. Maintes fois, il en fournit des preuves ; celle-ci entre autres :

Un jour, notre brave cavalier revenait d’une mission lointaine dont l’avait chargé la confiance du général Sapi­naud et regagnait encore tardivement sa chaumière. Tout à coup (c’était à la croix des cinq chemins, sur la route de Saint-Martin aux Landes), quatre bleus, sortant d’un fossé, s’élancent à la bride de son cheval et lui crient ; «Arrête, brigand ! ou tu es mort ! » — « Pas encore, mes camarades, » réplique Micheneau avec un sang-froid imperturbable. Et, en même temps, il saisit ses deux pistolets d’arçon, brûle la cervelle à deux de ses agresseurs, puis enfonçant ses éperons dans les flancs de son cheval, le fait se cabrer sur le troisième, pendant que le quatrième, épouvanté, saute par-dessus le fossé et se sauve à toutes jambes à travers champs.

Micheneau, dédaignant de le poursuivre, rentra alors tranquillement à Saint-Martin, comme s’il avait accompli l’acte le plus simple du monde.

Il y a bien d’autres histoires héroïques sur Francois Micheneau…

Le 17 avril 1844, il perdait la compagne de sa vie qui se nommait Marie Brochard et était âgée d’environ soixante-dix ans.

Cette mort le frappa au cœur. Malgré son grand âge et les fatigues d’une vie aussi mouvementée, il continue à remplir avec un zèle inaltérable son office de sacristain, à l’édification de tous les habitants de Saint-Martin. Entre temps, il s’occupait à faire un peu de jardinage. Quiconque l’eût surpris plantant ses choux et ses laitues, aurait pu remarquer l’étrange fiche dont se servait le bonhomme pour ce pacifique labeur. C’était tout simple­ment une vieille baïonnette qui, très probablement, lui avait servi jadis à un tout autre usage… Lui aussi, le vieux soldat de la grande guerre.

Enfin, après une vie toute pleine de devoirs accomplis et sanctifiée par les œuvres de la foi poussée, parfois, jusqu’à l’héroïsme, François Micheneau, entouré de ses enfants en larmes, mourut tranquillement, comme meurent les justes, confiant dans la miséricorde du Dieu qu’il avait toujours fidèlement servi.

Dans le registre de l’année 1847,  on trouve l’acte de sa sépulture rédigé en ces termes : « L’an de Notre-Seigneur  mil huit cent quarante-sept, le quatorze mai, ont été célébrées dans l’église de ce lieu les obsèques religieuses de   François   Micheneau,   sacristain,   âgé   d’environ  soixante-dix-sept ans, époux de feu Marie Brochard, décédé hier, sur les deux heures de l’après-midi, dans ce bourg, muni des sacrements de l’Extrême-onction et de l’Eucharistie. En foi de quoi, je, soussigné, ai dressé le présent acte. Signé : Gouîn, prêtre, curé ! de Saint-Martin. »

L’histoire de son église

L’église de Saint Martin Lars en Tiffauges, reconstruite en 1891, que l’on peut voir de nos jours, est de style romano-byzantin. L’architecte, Monsieur Le Diberder de Nantes, eut beaucoup de difficultés à construire cet édifice, il lui fallait faire un bisse assez spacieux sur un terrain resserré entre le clocher et l’abside existante.

D’après la date inscrite sur la voute de chœur, l’ancienne église daterait de 1666. Celle-ci fût en partie incendiée pendant la révolution de 1793. Ce qui réussit à sauver des flammes était mal bâti, mettait les cloches, pesant tout au plus douze kilos, s’élevait au-dessus du mur de la façade. En haut des murailles du chœur, à l’extrémité, se trouvaient des pierres hideuses et bizarres. Les historiens laissent dans leurs chroniques une pire opinion de cette église : « Elle était dans un état digne de pitié et fort inquiétant pour les fidèles ».

En 1827, l’évêque envoya un père qui se mit en quête de ses brebis égarées. Il commanda pour l’église une nouvelle cloche. Elle eût pour parrain le Comte De LAURISTON, receveur général à Bourbon-Vendée et pour marraine la Marquise De La BRETESCHE De COUBOUREAU.

L’église de 1838 à1880.

En 1829, on éleva un clocher. Celui-ci fut construit dans l’emplacement de la galerie qui se trouvait être la porte principale de l’église de l’époque.

Le 2 février 1838, on renversa totalement cette pauvre bâtisse ainsi que son récent clocher, pour construire une nouvelle église qui, l’histoire nous le dira, ne vécut pas longtemps. La pose de la première pierre qui est placée dans le mur du cœur près de la porte de la sacristie eut lieu le 12 mars 1838. Ce nouvel édifice forme une croix. Dans les branches, deux chapelles sont installées. L’une est dédiée à la Sainte Vierge et l’autre à Saint Jean Baptiste. Les quatre voutes en plein cintre se réunissent à l’entrée du chœur. Le nouveau clocher fait 22 mètres de hauteur y compris la croix, et s’élève au-dessus de l’église de 7 mètres. Sur deux pierres placées au dessus des vitraux sont représentées les armes de Monsieur le Marquis De La BRETESCHE De COUBOUREAU, ancien seigneur de Saint Martin Lars en Tiffauges et celle de Monsieur Le Comte De BESSAY, ancien seigneur du Château du Chatelier.

L’église en 1906.

En 1891. L’architecte démolit l’édifice qui n’était que de 26 ou 27 mètres de long et ne comprenait que 250 mètres carrés de surface. Pour lui, la nef n’offrait aucun intérêt au point de vue architecture. De plus les murs sont très lézardés et sont déversés sous l’effet de la charpente.

Il réussit tout de même à construire une charmante petite église. Son plan à terre représente un vaste carré dans lequel est inscrit une croix grecque. Ses quatre piliers solides s’élèvent en fausse coupole centrale accompagnés aux angles de quatre autres plus petits. Elle comprend trois absides encadrant les trois autels, un central et deux plus petits de chaque côté. Ces deux petits autels sont dédiés à Notre Dame du Rosaire et à Saint Jean Baptiste. Monsieur Le DIBERDER couronna la bâtisse par un clocher qui s’harmonise avec le reste de la construction. Ce campanile en forme de tiare est entouré de neuf statues dont huit saints. De face, on voit Saint Hilaire et Saint Martin, à droite Saint Louis, le Marquis de Quatre-Barbe et Jeanne d’Arc, à gauche le Pape Léon XIII et Saint François et enfin au dos Saint Constant et un moine inconnu. Il renferme également trois cloches : celle de 1827 surnommée « Louise-Claire », une autre datant de 1863 appelée « Sainte Marie » et la plus récente qui date de 1900.

 

 

 

 

 

 

 

 

Arceaux et croix

Croix et arceaux sont nombreux, érigés en mémoire d’un événement (mission, concession d’un privilège, piété d’un propriétaire).

Ce serait la plus vieille croix de pierre sur la commune, datant de 1767. Elle s’élève sur le bord de la route (VC 06) de Saint-Martin des Tilleuls à Tiffauges à l’entrée du village du Bois Reignier. Pour toute inscription, elle porte le nom du donateur, P. Retailleau.

 

 

 

 

 

 

 

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